Il est communément admis qu’il faut voir l’artiste au travail pour comprendre pleinement son œuvre. Observer Marie-Anne Dudouit dans son atelier offre, en effet, quelques clés de lecture. Profondément influencée par les reliefs volcaniques du Stromboli et par l’odeur du Vésuve, elle expire ses paysages intérieurs. Entre ses mains, la terre se métamorphose, éruptive, puis se fixe. Du mouvement naît la forme.
Si ses premières créations s'inscrivaient dans la forme archétypique du bol de thé, il s'en dégage néanmoins une impression d'étrangeté. L’objet défie sa fonction, sa seule fin utilitaire. Le bol se fait sculpture. Il ouvre sur un monde propre, un univers singulier de textures et de courbes délicates. Depuis, un nouveau geste semble être apparu, une torsion savamment étudiée, qui se fait pli, creux ou fente. Un accident qui vient contraster avec la perfection de la forme, une impulsion qui vient déformer l'ouvrage et l'ouvrir à une instabilité. Un tremblement de terre, une métamorphose figée. "Une forme est une idée, l’antiforme, elle, est énergie." disait Beuys. En observant Marie-Anne Dudouit au travail, on sent cette pratique de l'énergie, des différents flux (la terre, la main - reliée au coeur qui bat) qui s'interpénètrent dans l'objet naissant.
Une fois la forme définie, d'autres énergies et matières se manifestent. En effet, elle utilise du lait en lieu et place d'émaux, rejoignant ainsi la famille d’artiste, extrêmement réduite, qui ont choisi cette substance comme matériau. On peut penser à Sarkis (« au commencement l’apparition ») qui l'utilisa comme révélateur dans un bac photographique ou bien à Wolfgang Laib (« Pierre de lait »), et à son rituel contemplatif d’étalement de lait sur une fine plaque de marbre blanc immaculé. Il y a quelque chose d'originel dans son maniement qui correspond parfaitement au caractère intuitif et expérimental de son art. En outre, il manifeste le goût de la céramiste pour les matières naturelles, crues, qui ont subi peu de transformation. D’où la portée éthique et écologique de sa pratique, nécessitant des matériaux simples et une cuisson à basse température.
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À l'instar d'un alchimiste, elle est en prise avec des réactions d'éléments instables se métamorphosant au grès de ses interventions. Ce processus énergétique, de mise en forme dynamique et imaginatif, donne vie à une poésie de l'éphémère et du transitoire, dans laquelle la vie se reflète.
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Thomas Vauthier
CV
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Février à juin 2021 : Galleria Continua I en collaboration avec Paloma Vauthier (école Kourtrajmé) - 77169 Boissy le Châtel
Septembre 2020 : Design Week I Heureux les curieux - 75004 Paris
Novembre 2019 : Unique Design ShangaÏ I Galerie Studiolo - ShangaÏ – Chine
Octobre 2019 : Art Elysées I Galerie Studiolo - 75008 Paris
Septembre 2019 : Design week I Galerie Studiolo - 75004 Paris
Mai 2019 : Chapelle Saint Jean - 83680 La Garde Freinet
Décembre 2018 : « Stromboli » Galerie Vitrine 65 - 75003 Paris