Pieds nus sur la tourbe délicate, il n’y a pas de sentier alors les sens sont attentifs... Des racines noires percent le terreau fertile. Des branches s’allongent en rhizomes et des troncs se tordent jusqu’aux cieux. Les écorces, comme un tégument, accueillent en symbiose toutes sortes de lichens, de champignons et d’insectes qui parcourent leurs sillons. Le feuillage dense se constitue de milliers d’espèces, une fougère protectrice, une plante qui soigne, une plante qui tue. Les fleurs entêtantes portent aussi des épines saillantes. Au sol, le bois sec craque et plus loin, des pétales de velours bourgeonnent des graines tombées à l’automne. Des limbes souples dansent sous la brise. La sève vitale s’écoule jusqu’aux feuilles mortes, et des roses miraculeuses naissent de l’humus. L’humidité révèle des effluves moites. La chaleur retombe cédant à l’obscurité. Des grincements mystérieux s’éveillent, ou peut-être des voix mirages ? Une grande inspiration, un souffle et enfin, la douce odeur de la mousse.
Aujourd’hui, l’hiver laisse doucement sa place au printemps. VEGETAL fait vibrer sa matière à travers la lumière désormais plus douce. Le monde de terre blanchi de froid se recouvre lentement de verdoyant. La nature retrouve de sa force, de sa vigueur, ravive nos sens et nous embaume de ses odorantes couleurs.
Dans ce deuxième chapitre du cycle NATIVE, l’exposition VEGETAL nous invite à communier avec son règne foisonnant. Dix artistes explorent cette nature jusqu’à l’imprégnation. Ils en récupèrent les matières, en captent les nuances, en transforment les matériaux ou décortiquent ces réseaux végétaux. Ils interrogent ce que la nature fait résonner en eux, et l’utilisent comme terreau d’où germe leur énergie créatrice. Ils nous exhortent dans un périple dont on ne sort pas sans sensations et émotions enchantées. Une promenade méditative où l’être humain peut trouver une forme de fusion, le réconfort d’un alter-ego élémentaire.